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L’expert : « Une allocation d’actifs plutôt contrariante »

Sébastien Jiguet-Jiglairaz, gérant chez Victory AM

Comment s’expliquent les bons résultats de Lucelen – Flexible ?

Essentiellement grâce à la flexibilité de l’allocation d’actifs et à une approche plutôt contrariante. L’allocation varie de façon relativement importante afin de limiter les pertes et de profiter des hausses. Ainsi, l’exposition aux actions était limitée à 20 % en fin d’année dernière, car je trouvais les actions chères et les investisseurs assez complaisants. En revanche, j’ai profité de la forte baisse de fin février-début mars pour la faire remonter à 55 %. Le pessimisme me semblait cette fois excessif. En l’espace de trois mois, j’ai donc approché les bornes basses (10 %) et hautes (65 %) de l’exposition aux actions de Lucelen – Flexible. Le pourcentage de 10 % avait été atteint en décembre 2018, lors de la forte baisse des Bourses. Dès début janvier 2019, il était remonté à 40 %, ce qui m’a permis de profiter du rebond.

Au chapitre des obligations, je détenais en début d’année 2020 surtout des emprunts d’Etat américains, qui étaient rémunérateurs, ainsi que des OAT et des Bunds afin de servir d’amortisseur à une éventuelle baisse. Avec la forte détente des taux d’intérêt et donc l’absence de rendement, je les ai tous vendus pour acheter des obligations privées européennes, par exemple Faurecia et Accor. Notons que, dans un souci de réduction du risque, les actifs libellés en dollars sont couverts contre le risque de change.

Qu’anticipez-vous pour le second semestre ?

J’anticipe jusqu’à fin octobre une poursuite de la bonne tenue des places financières, avec un potentiel de hausse compris entre 5 % et 10 %, plus marqué à Wall Street que sur le Vieux Continent. En effet, beaucoup de grandes gestions sont encore sous-investies. Comme cela peut être difficile à tenir en termes de performances, des achats pourraient intervenir à la rentrée, début septembre. Fin octobre, je réévaluerai la situation en fonction de différents paramètres.

Tout d’abord, si un vaccin arrive sur le marché, une rotation sectorielle devrait intervenir, avec une baisse des technologiques et une revanche des valeurs plus cycliques. Dans ce scénario, la politique des banques centrales pourrait devenir moins accommodante, ce qui pénaliserait le marché.

Ensuite, le résultat de l’élection présidentielle américaine sera un élément à prendre en compte. Une victoire de Donald Trump devrait être bien accueillie, car elle serait signe de continuité, et donc d’absence de hausses d’impôts. En revanche, un succès de Joe Biden pourrait être négatif pour les actions, en raison du risque de majoration du taux d’imposition des sociétés et de la mise en oeuvre d’un programme économique plus à gauche que prévu.

Lire sur le site LES ECHOS – INVESTIR